Vous pouvez lire sur Médiapart Femmes d’Alger dans leur appartement Ou le jeu de la boqala, un extrait de Salah Guemriche, Alger la Blanche, biographies d'une ville (Perrin, mai 2012)
Le 27 juin 2012
« Femmes d'Alger… !Il n'y a pas de plus beau tableau au monde ! Comme ces femmes sont vraiment des Orientales (...) Et la négresse ! C'est tellement un mouvement de négresse ! Ce tableau sent la pastille de sérail ; quand je suis devant ça, je m'imagine être à Alger. » (Renoir)1
Lors de son périple « africain », en 1832, Delacroix ne passa que trois jours à Alger, du 25 au 28 juin. Le 5 juillet, il était de retour à Toulon, avec, dans sa mallette, de nombreux croquis réalisés, pour mémoire, dans ce que l’on a coutume d’appeler un harem. Cela fait beau, un « harem », cela fait antique (« beau comme du temps d’Homère ! », s’écriera-t-il). L’artiste est littéralement tombé sous le charme de cet Orient si proche et si lointain à la fois : il regrette même de ne pas « avoir vingt bras et quarante-huit heures par jour » pour immortaliser ses « hallucinatoires visions »2.
Le chef-d’œuvre, on le connaît. Il en inspira plus d’un et d’une, notamment : Renoir et Picasso, mais aussi, dans son domaine, Assia Djebar3. Picasso entreprendra de « traduire » à sa manière la scène au harem : quatre femmes, dont une servante noire, debout, de dos, la tête tournée vers ses maîtresses, saisie dans un mouvement si bien rendu qu’il arrachera à Renoir ce cri, s’adressant à un marchand d’art (Ambroise Vollard) : « ... Et la négresse ! C'est tellement un mouvement de négresse ! ». Comme on dit encore de nos jours des Noirs qu’ils ont le sens du rythme dans le sang… Chaque époque a sa rhétorique, mais le cliché a la peau dure : c’est tellement une vue de l’esprit, de l’esprit colonial... Une question de point de vue, donc, que se partageaient peintres et écrivains orientalistes, bientôt suivis par les photographes…"
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