Delacroix.
« Pourquoi ai-je immédiatement pensé à Delacroix ? Peut-être en référence aux couleurs et au mouvement. Non parce que chez Delacroix les couleurs sont le reflet de la réalité mais pour leur flamboyance, leur exagération pourrais-je dire. Delacroix (1798-1863) s’est rendu au Maroc et à Alger et ce fut pour lui une immense découverte, une fascination devant les couleurs et l’exotisme, fascination qu’il a traduite dans plusieurs tableaux dont Femmes d’Alger, Combat d’Arabes dans les montagnes et même Prise de Constantinople. Si je n’apprécie pas forcément les plus grandes œuvres, les esquisses, le travail préliminaire me semble beaucoup plus fascinant. Mais l’on peut aussi songer à certains tableaux peu connus de Matisse au début de son œuvre, tableaux de découverte des femmes du Maghreb. J’ajouterai que je suis allée acheter « Femmes d’Alger dans leur appartement », après notre dernière rencontre et que la couverture, dans la collection des livres de poche, est une reproduction du tableau de Delacroix, « Femmes d’Alger ».
Cet ouvrage a fait surgir en moi tant de tableaux, de films, de sons, de souvenirs, qu’il a été tout au long de sa lecture un cheminement dans ma vie, une adhésion à des perceptions, des sentiments, des images, jamais oubliés, un retour aux origines pour tout dire.
Les films ? Les silences du palais, film tunisien, qui raconte le silence douloureux des femmes. Halphaouine, l’enfant des terrasses, un autre film tunisien. Et puis, paradoxalement, dans le récit de la résistance « Avoir vingt ans dans les Aurès. » Probablement parce que si le récit de la colonisation est empli de couleurs, de bruits et de mouvement, la guerre de la décolonisation est, quant à elle, dans l’ombre d’un noir et blanc, dans une douleur qui se crie à bas bruit, mais n’en est pas moins dramatique. Le niveau de langage lui-même est moins recherché que dans le récit plus historique, il est plus proche d’une blessure non encore cicatrisée.
La mère. Personnage d’une immense importance, déjà en dehors du milieu traditionnel, ne serait-ce que par l’appartement qu’elle occupe, par l’autorisation donnée par le mari d’accéder à une autre langue, à un autre écrit, à un rapport différent avec les hommes. Femme d’exception qui, par cette place singulière, donne aussi à sa fille la possibilité d’être autre, qui prend l’initiative de se rendre seule en France pour voir son fils emprisonné, mais qui vient aussi, porteuse de la tradition, pour le mariage de sa fille. Elle est différente sans se perdre, autre mais en prise avec sa culture et la réalité quotidienne, dramatique ou non. Chez elle avec ces femmes cloîtrées, dans les silences ou les mots, chez elle aussi, malgré les difficultés et la douleur, dans ses voyages en France. C’est l’image même de la mère et de la femme dans sa capacité à s’adapter à toutes les situations et à faire face.
Les bruits et les couleurs, les silences et paradoxalement la quasi absence d’odeurs, bien surprenante absence dans un pays, dans des pays où elles sont à foison : les fleurs, les épices, les parfums.
De « la jeune fille » à « elle » , du « elle » au « je », d’une culture à une autre, entre deux cultures, un voyage initiatique dans l’appropriation de ce pronom personnel, trop personnel, signifiant trop visiblement la personne en tant qu’individu singulier, autonome, autorisé à dire « je », comme on dirait « j’existe ». Emploi des trois désignations dans le même paragraphe, parfois dans la même phrase. Distance quand les sentiments sont trop prégnants, ou multiculturalisme ? Les souvenirs d’enfance sont toujours présents, parfois malgré soi. »
« Pourquoi ai-je immédiatement pensé à Delacroix ? Peut-être en référence aux couleurs et au mouvement. Non parce que chez Delacroix les couleurs sont le reflet de la réalité mais pour leur flamboyance, leur exagération pourrais-je dire. Delacroix (1798-1863) s’est rendu au Maroc et à Alger et ce fut pour lui une immense découverte, une fascination devant les couleurs et l’exotisme, fascination qu’il a traduite dans plusieurs tableaux dont Femmes d’Alger, Combat d’Arabes dans les montagnes et même Prise de Constantinople. Si je n’apprécie pas forcément les plus grandes œuvres, les esquisses, le travail préliminaire me semble beaucoup plus fascinant. Mais l’on peut aussi songer à certains tableaux peu connus de Matisse au début de son œuvre, tableaux de découverte des femmes du Maghreb. J’ajouterai que je suis allée acheter « Femmes d’Alger dans leur appartement », après notre dernière rencontre et que la couverture, dans la collection des livres de poche, est une reproduction du tableau de Delacroix, « Femmes d’Alger ».
Cet ouvrage a fait surgir en moi tant de tableaux, de films, de sons, de souvenirs, qu’il a été tout au long de sa lecture un cheminement dans ma vie, une adhésion à des perceptions, des sentiments, des images, jamais oubliés, un retour aux origines pour tout dire.
Les films ? Les silences du palais, film tunisien, qui raconte le silence douloureux des femmes. Halphaouine, l’enfant des terrasses, un autre film tunisien. Et puis, paradoxalement, dans le récit de la résistance « Avoir vingt ans dans les Aurès. » Probablement parce que si le récit de la colonisation est empli de couleurs, de bruits et de mouvement, la guerre de la décolonisation est, quant à elle, dans l’ombre d’un noir et blanc, dans une douleur qui se crie à bas bruit, mais n’en est pas moins dramatique. Le niveau de langage lui-même est moins recherché que dans le récit plus historique, il est plus proche d’une blessure non encore cicatrisée.
La mère. Personnage d’une immense importance, déjà en dehors du milieu traditionnel, ne serait-ce que par l’appartement qu’elle occupe, par l’autorisation donnée par le mari d’accéder à une autre langue, à un autre écrit, à un rapport différent avec les hommes. Femme d’exception qui, par cette place singulière, donne aussi à sa fille la possibilité d’être autre, qui prend l’initiative de se rendre seule en France pour voir son fils emprisonné, mais qui vient aussi, porteuse de la tradition, pour le mariage de sa fille. Elle est différente sans se perdre, autre mais en prise avec sa culture et la réalité quotidienne, dramatique ou non. Chez elle avec ces femmes cloîtrées, dans les silences ou les mots, chez elle aussi, malgré les difficultés et la douleur, dans ses voyages en France. C’est l’image même de la mère et de la femme dans sa capacité à s’adapter à toutes les situations et à faire face.
Les bruits et les couleurs, les silences et paradoxalement la quasi absence d’odeurs, bien surprenante absence dans un pays, dans des pays où elles sont à foison : les fleurs, les épices, les parfums.
De « la jeune fille » à « elle » , du « elle » au « je », d’une culture à une autre, entre deux cultures, un voyage initiatique dans l’appropriation de ce pronom personnel, trop personnel, signifiant trop visiblement la personne en tant qu’individu singulier, autonome, autorisé à dire « je », comme on dirait « j’existe ». Emploi des trois désignations dans le même paragraphe, parfois dans la même phrase. Distance quand les sentiments sont trop prégnants, ou multiculturalisme ? Les souvenirs d’enfance sont toujours présents, parfois malgré soi. »
Danielle Bosom
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