lundi 20 août 2012

Assia Djebar ou l'impossible exil

Voici le mots d'une lectrice à propos de l'oeuvre d'Assia Djebar sous le tire Assia Djebar ou l'impossible exil, écrits par Leïla Zhour et publiés sur  Algérie Littérature Action N° 47 - 48.
 
En attendant la goutte qui va faire déborder la terre, où dois-je déposer mon coeur? J'hésite entre la haine brune et les mâchoires de la douleur; toutes deux font crier à aiguiser les couteaux. Ouvre tes bras, ô ma mémoire, il est temps d'accueillir l'oubli. Je gémis chaud comme un été. Je gémis donc je suis. (Nadia Tuéni, (La nuit des étrangers, in Jardin de ma mémoire, Flammarion, 1998.)
 
« Je vous adresse cet article consacré à Assia Djebar, écrit à l’occasion d’un travail sur cette auteur avec des élèves.C’est en relisant plusieurs de ses ouvrages qu’il m’a paru indispensable d’en faire un peu plus qu’un simple travail de cours. Ainsi cet article est-il né. »

Assia Djebar. Voilà. Le nom est écrit. Il y a si longtemps qu'il est en moi que le voir ainsi posé, cela passerait presque pour une trahison. Mais non. Il faut dire, il faut écrire cette fascination, l'expliquer, la décrypter. Assia Djebar est l'une des voix qui m'ont faites. Elle a ouvert devant moi des portes qui demeuraient désespérément closes. Ses hantises ont apprivoisé les miennes, un peu. La force de ses mots dans le silence comme dans le fracas a inventé une cartographie de l'écriture qui a délivré ma parole, qui m'a appris à dire.
 
Oh, bien sûr c'est un grand écrivain, bien sûr tout un chacun sait, pressent, ce que son oeuvre a de majeur, d'immense. Mais ces constats ne disent rien d'elle. Rien de ce qui passe d'elle à moi, lectrice, lecteur, quand de ses écrits jaillissent à la fois ténèbres et lumière, peur et courage. Elle m'a bouleversée de façon définitive. Saurai-je expliquer cette puissance dans laquelle se mêlent à la fois la souffrance et la clarté, l'aspiration nécessaire au meilleur de l'humain et la terrible nécessité du désespoir face à l'abandon de cette même humanité? Le saurai-je? Ce souffle si intérieur surgi de la phrase me propulse dans le texte comme une nef consentante et désorientée soumise au vent du Sud. Pourtant, ce n'est pas une rêverie exotique mais bien une reconstruction du temps et de l'espace qui s'offre alors à moi, interminable horizon de conscience qui me mèneà ce que je suis, femme vivante.
 

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